Elections vénézuéliennes : Chávez contre les chiens de garde

Dans un précédent billet, nous avions recensé tous les poncifs véhiculés par les médias français, spécialement de gôche, au sujet de Hugo Chávez.

Les élections présidentielles se tenant le 7 Octobre au Vénézuela, les perroquets médiatiques sont à nouveau de sortie, ont astiqué leurs touches copier/coller, et déroulent au kilomètre des articulets prémâchés où de prétendus envoyés spéciaux vous racontent chez Libération à quel point c’est le Far West là-bas (« Caracas, la mort au coin de la rue »), en offrant au représentant de la droite dure repeint en social-démocrate super sympa deux pages (une, deux) sans contradicteur. C’est Byzance ! Cet ancien putschiste, issu de deux familles appartenant à l’oligarchie économique du pays et soutenu par les Etats-Unis d’Amérique qui se lèchent les babines à l’idée de récupérer le pétrole,  serait selon Libé un type « très amène », bien dans ses baskets, simple, un petit gars qui s’est fait tout seul, bien loin de l’image autoritaire du « comandante » Chavez.

Au Monde, on prend moins de gants, ou alors ceux réservés à la boxe (les coups sous la ceinture en prime) pour fustiger « les dérapages antisémites » de la campagne chaviste (un classique, même si ça marche de moins en moins bien), dénoncer une campagne émaillée de « coups de feu » (contre l’opposition, bien sûr, en omettant de rappeler que durant le coup d’Etat de 2002 pour renverser Chávez, ses partisans avaient été accusés d’avoir tiré sur la foule par les médias privés avant qu’il soit établi que ses opposants étaient à l’origine des coups de feu) et on s’indigne, le coeur au bord des lèvres,  des propos tenus contre le journal par Mélenchon, les accusant de mener une campagne de diffamation. C’est que le Monde a des principes ! Dont acte, le taulier Erik Izraelewicz pourra se fendre d’une prochaine tribune pour expliquer à ses lecteurs ce qu’il foutait à la conférence de Bilderberg mais il est à craindre qu’ils attendent un moment, les participants ont interdiction de rapporter ce qui s’y dit. Etonnant (?) pour un journal si prompt à défendre la sociale-démocratie contre la dictature rouge (sanglante, of course).

Chez Rue89, filiale de Sanibroyeur SFA, le peu regretté Michel Faure a cédé sa place à un écrivain de romans de fiction (il est donc tout a fait légitime à donner son point de vue) vénézuelien qui explique pourquoi il ne votera pas Hugo Chávez, mais ne cherchez pas de vénézuelien qui expliquerait le contraire, la rue(89) n’en connait pas (ou alors ce jour là, aucun n’était joignable au téléphone, trop occupés à occire de l’opposant flingue à la pogne).

Last but not least, à l’Obs’ (filiale de Sanibroyeur également), l’opposition n’a jamais été aussi proche de dégommer Chávez, « malade de pouvoir ».

Nous vous épargnons la revue de presse de droite qui, légitimement, piaille très fort pour un changement de régime et le retour à la « démocratie » au Vénézuela, sous le joug depuis trop longtemps d’un odieux dictateur sanguinaire qui étrangle son peuple à coups de hausses du salaire minimum et de dispendieux programmes sociaux financés par le pétrole.

Bref, la fine fleur de l’éditocratie française fait son boulot d’information habituel, en toute objectivité et en respectant le principe du contradictoire.

Si vous voulez changer d’air, respirer un peu et vous informer auprès de gens qui connaissent la réalité du terrain sans recopier les dépêches AFP ou livrer des articles de commande, vous pouvez aller lire le site Le Grand Soir, celui de Michel Collon qui démonte quelques médiamensonges sur Chávez ou les chroniques d’Alexis Corbière, François Delapierre et Corinne Morel Darleux qui se sont rendus sur place. Où l’on apprend – tiens donc – que les médias privés, loin d’être oppressés s’y portent fort bien (un peu trop à notre goût mais c’est un autre sujet), que la pauvreté a bel et bien reculé, que le pétrole vénézuelien ne va plus en effet directement dans les poches des nord-américains, et que le programme de Capriles est, malgré les coups de peinture en façade, un programme de droite ultralibéral tout ce qu’il y a de plus classique.

Rendez-vous le 7 Octobre pour goûter le bonheur d’entendre chouiner les chiens de garde !

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